Dans les années 1860, le comte Adrien de Lavalette fait transformer l'hôtel Fieubet qu'il vient d'acheter et en fait habiller les façade d'un extraordinaire décor sculpté d'inspiration maniériste. Photo Vincent Delaveau.
Depuis quelques années, le Marais est devenu un centre commercial de luxe, envahi de clients... pardon de promeneurs. Certaines rues à certaines heures sont devenues quasiment inaccessibles. En passant par les chemins de traverse, cette visite inédite se propose de réconcilier avec le Marais les nostalgiques d'un quartier plus paisible et plus authentique.
La frange orientale du Marais qui nous intéresse ici s'est développée en deux phases. Bénéficiant de la proximité de la Seine et de ses ports, de l'hôtel royal Saint-Pol et de l'enceinte de Charles V, la zone située au sud de la rue Saint-Antoine s'est bâtie à partir de la fin du Moyen âge, mêlant une population marchande et aristocratique. Quoique le paysage ait évidemment beaucoup changé depuis, cette double vocation est encore lisible aujourd'hui. Le nord de la rue Saint-Antoine en revanche, doit tout à la création de la place Royale au début du XVIIe siècle et aux lotissements d'anciens jardins maraîchers menés à la même époque.
Notre parcours sera éclectique. À l'Arsenal, un vestige de l'enceinte de Charles V récemment mis au jour voisine avec une base de tour de la Bastille remontée ici. À deux pas, l'hôtel Fieubet exhibe fièrement une étonnante parure sculptée. Au fil des bien nommées rues du Petit-Musc et Beautreillis, nous croiserons un portail esseulé et de belles façades. Nous y évoquerons également quelques morts suspectes. Après avoir traversé la cour et le jardin de l'hôtel de Sully et flâné sous les galeries de la place des Vosges, nous partirons à la recherche d'un couvent presque disparu, d'une caserne en plein chambardement et d'une rue mal fichue.